La notion de territoire fait référence à une étendue de terre, plus ou moins nettement délimitée, qui présente généralement une certaine unité, un caractère particulier.
Je me suis intéressé à la notion de territoire parce qu’elle me semble être constitutive à la fois d’un ferment communautaire et identitaire tant d’un point de vue individuel que collectif. Le territoire est le contenant d’identité propre qui évolue en fonction du caractère particulier qu’il revêt.

« Voyageur(s) » fait référence aux « habitants » d’un territoire « imaginé » que nous appellerons Voyage.
Par cette proposition il devient l’espace symbolique dans lequel les individus peuvent inscrire leurs désirs. Cet espace est virtuellement habité par des gens - des « gens du Voyage » - qui n’ont au départ comme existence réelle que celle reconnue administrativement.

Le mode de vie propre à cette communauté est directement issu de son histoire et de sa culture. Histoire et culture bien souvent éloignées des représentations que l’on peut en avoir. Une certaine manière d’être émerge de leur univers, où notamment des notions comme la famille, « le respect » et « l’honneur » prennent un sens particulier. Cette singularité, on la retrouve aussi lorsque l’on se penche sur la place de l’individu au sein de la communauté, sur l’espace dans lequel s’inscrit la vie quotidienne des voyageurs, espace où l’ensemble des activités familiales, professionnelles, culturelles et cultuelles semble former un tout unique et indissociable.

Le contenu documentaire est ici porté au niveau d’une fresque méditative ou chaque photographie contient sa propre force narrative comme une référence à une image cinématographique qui induit plus qu’elle ne décrit.

Cet espace imaginé existe parce qu’il est contenu dans un ensemble plus grand et que sa façon de se révéler, nous informe sur la manière d’affirmer une différence. La question de la sédentarité ou du nomadisme n’a d’importance qu’au regard des possibilités offertes à chacun. Le voyage lui reste la conversion symbolique de référence. Une façon de se définir, d’exister, d’être au monde, de résister avant d’être absorbé. Ce n’est pas le folklore, mais la représentation de ce rêve commun qui importe. Rêve qui invente ses propres lieux, ses utopies, son intranquilité, sa solitude aussi.