N.m.. (v.1500; frament, v. 1250; lat. fragmentum) Morceau d’une chose qui a été cassée, brisée... Le 19 mars 2003, les Etats-Unis envahissaient l'Irak. Des visages derrière les chiffres d’une actualité omniprésente. A Amman, en Jordanie, alors que le désordre règne encore, la face cachée de cette guerre prend un corps, une histoire, une apparence. Les victimes du conflit ont été frappées par le souffle d’une voiture piégée, des balles perdues, la chute d’un mortier… Car ils vivent, malgré eux, dans les lieux les plus violents de la guerre en Irak. Des hommes, femmes, enfants blessés sur le chemin de l'école, en route pour le travail, en faisant leurs courses sur un marché, ou simplement à la maison, dans leur jardin. Une dure réalité qui porte un visage ou ce qu'il en reste. « Aujourd’hui, ils sont des fragments de chair et d’âmes. Des visages, des corps diminués, amoindris, brisés, brûlés, des âmes en souffrance, transpercées en quête d’avenir qui cherchent à surmonter le quotidien avec de graves séquelles » Pris en charge par une organisation humanitaire, Médecins sans frontières, ces blessés, repérés en Irak par une chaîne de solidarité de médecins, sont une infime goutte dans l’océan incalculable des victimes collatérales du chaos. Dans un hôtel d'un quartier populaire d'Amman, intervention après intervention, ces anonymes se reconstruisent au fil des chirurgies qui les ramènent à la vie. Valérie Babize |